Il n’existe en Belgique aucune évaluation de l’efficacité des investissem*nts publics (2024)

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D’après un rapport du Conseil supérieur des finances (CSF), le gaspillage de moyens publics dû aux inefficacités dans l’investissem*nt se situerait autour de 30% au niveau mondial et de 15% au niveau de l’Union européenne. Aucun chiffre n’existe pour la Belgique.

  • Publié le 24-06-2024 à 06h31

Il n’existe en Belgique aucune évaluation de l’efficacité des investissem*nts publics (2)

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Il est de ces rapports qui passent complètement inaperçus, mais qui valent leur pesant de cacahuètes. Non pas tant par les chiffres qui s’y trouvent que par la réflexion qu’ils peuvent soulever. Le rapport publié début juin par le Conseil supérieur des Finances, intitulé “Bonnes pratiques de gestion des investissem*nts publics”, est de ceux-là. Forcément, quelques jours après la sérieuse admonestation assénée par la Commission européenne, ce rapport, publié début juin, revêt une importance particulière. D’autant que les négociations gouvernementales qui ont cours actuellement laissent forcément une grande place au budget. Il ne se passe pas un jour sans que l’un des futurs membres des coalitions en formation n’évoque la déliquescence des finances publiques.

De 15 à 30 % de déperditions au niveau mondial

Il est donc appréciable que le CSF se soit penché sur les questions de gouvernance des investissem*nts publics, et plus précisément sur les méthodes et procédures régulant la sélection, l’évaluation et la mise en œuvre des projets d’investissem*nt public. Les études, rappelle le CSF, montrent que le gaspillage de moyens publics dû aux inefficacités dans l’investissem*nt se situerait en moyenne autour de 30 % dans le monde et de 15 % au niveau de l’Union européenne. “Manques de planification et d’évaluation, mauvaises sélections, mises en œuvre bancales, corruption… Les raisons peuvent être nombreuses”, énonce l’un de nos interlocuteurs. Et pour la Belgique ? Rien, nada. “Pour la Belgique, écrit le CSF, aucune étude publique ne donne de chiffre exact à ce jour. L’application des bonnes pratiques permettrait pourtant de réduire de moitié ce “gap d’efficacité”. Renseignements pris à plusieurs sources, y compris au niveau de l’OCDE, rien ne permet cependant véritablement de quantifier ce “gap d’efficacité” en Belgique.

Le CSF estime que son rapport peut constituer une base de référence commune des bonnes pratiques de gestion des investissem*nts publics (”Public Investment Management”) vers lesquelles tendre. “En outre, la présentation sous forme de check-list dote les administrations et autres organisations publiques d’un outil concret et actionnable pour leur gestion des investissem*nts publics”, poursuit le CSF. Dans cet esprit, l’institution met ainsi une série de recommandations pour les autorités assez précises et lance un appel aux “différents niveaux de pouvoirs et les administrations et organisations publiques de différents secteurs à s’engager dans ce dialogue technique”.

”Capacité insuffisante du secteur de la construction”

C’est d’autant plus important, relève le CSF, que “ces bonnes pratiques permettent de réduire la perte de productivité mais aussi d’enrayer la détérioration de la confiance entre les citoyens et le gouvernement”. Contacté, Wouter Van Dooren, professeur d’administration publique à l’Université d’Anvers (UA), considéré comme l’un des meilleurs experts belges en la matière, reconnaît qu’il est difficile de quantifier de manière fiable l’efficacité des investissem*nts publics. “Les chiffres qui existent ne sont probablement pas fiables pour d’autres pays non plus. Les grands investissem*nts modifient la société d’une manière souvent imprévisible. Dans les années 1970, nous pouvions penser que les gros investissem*nts dans les autoroutes étaient un investissem*nt très efficace pour développer les régions. Aujourd’hui, nous constatons que, certainement en Flandre, la construction d’autoroutes a entraîné un étalement urbain, une pression sur l’utilisation de l’espace et des inefficacités dans les services publics tels que les transports publics. On n’aurait jamais pu calculer cela. C’est pourquoi je pense que les calculs d’efficacité sont principalement un exercice technocratique”, estime-t-il.

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Mais l’expert nuance. “Cela dit, poursuit-il, je pense qu’en Belgique, nous devons faire le point et fixer un agenda en matière d’infrastructure. Même avec tout l’argent du monde, nous devons faire des choix. Ces choix doivent être étayés par la recherche, mais aussi déterminés par le type de société que nous envisageons. Ils sont en effet surtout politiques. Les choix sont de plus en plus difficiles en raison de la capacité insuffisante du secteur de la construction. Ce problème nous concerne également de plus en plus. Il est peut-être trop tard. Mais c’est une question fascinante qui mérite certainement l’attention”, conclut-il.

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